Il faut à peu près 3 ans à une huître pour arriver à maturité. Il m’a fallu 38 ans pour manger ma première huître. Lorsque j’ai dit à mes parents que nous allions pour la première fois sur le bassin d’Arcachon, ma maman m’a dit : « C’est le pays de l’huître, vous devez absolument en manger ».
Dans les tous premiers jours de notre séjour, nous nous sommes promenés sur le port d’Audenge, en fin d’après midi. C’est très sauvage, comme perdu au bout du monde.
A marée basse, c’est amusant de voir les bateaux figés dans la vase. Nous avons vu beaucoup de bateaux et quelques cabanes d’ostréiculteurs en bois.
Le paysage est magnifique, j’aurai pu y rester des heures à regarder au loin, mais voilà, les enfants avaient soif. En dehors des cabanes d’ostréiculteurs, deux cafés-restaurants l’un en face de l’autre. Ils ne paient pas de mine, ils m’ont fait penser aux restaurants que l’on voit au bord des routes dans les « road movies » américains. Nous avons choisi l’un des deux, le Midway.
Nous avons commandé à boire. Il était trop tôt pour dîner mais nous voulions grignoter quelque chose, ça creuse l’air de la mer ! Le serveur, charmant, nous a proposé des huîtres.
Je dois dire qu’il a fait un sacré travail car convaincre deux irréductibles comme David et moi concernant les huîtres, chapeau !
Au bout de quelques minutes, j’ai lancé un rapide coup d’œil à David, qui comme moi n’avait jamais mangé d’huîtres et nous voilà partis à l’aventure.
Un rien inquiets, nous sentant un peu bêtes devant le serveur, nous avons mangé notre première huître accompagnée de vin blanc sec et de pain de seigle.
Nous avons adoré. C’est certainement très banal de dire que nous avions l’impression de manger la mer mais c’est si vrai. Il semble que ce soit également très bon pour la santé et comme nous l’a glissé doucement le serveur, très indiqué le lendemain d’une soirée un peu arrosée.
Depuis, j’ai mangé des huîtres chaque jour de nos vacances et ma collection de photos s’est agrandie. Ma préférée reste la première avec les huîtres servies sur une toile cirée bleue et blanche comme les rayures des cabanes de pêcheurs.
Dans cette région, les huîtres sont souvent servies avec une saucisse grillée. A chaque fois, j’ai oublié de demander l’origine de cette coutume. N’aimant pas les questions sans réponse, j’ai pris l’habitude de dire à David que c’était certainement une manière de représenter la terre et la mer. Je ne désespère pas de trouver l’explication un jour !
Nous avons eu l’occasion de revenir dans ce restaurant extrêmement sympathique et de nous régaler entre autre de Pagre grillé (poisson de la même famille que les dorades) au coulis de poivrons rouges et de Piquillos farcis à la morue (les Piquillos sont des piments doux et parfumés, de forme allongée, leur taille représente à peu près 1/3 de la taille d’un poivron).
J’ai beaucoup aimé l’atmosphère conviviale de ce restaurant.
Je n’avais aucune idée de ce qu’était l’ostréiculture avant de venir sur le bassin d’Arcachon ni comment naissent les huîtres.
Tout commence par une ovule fécondée dans l’eau et qui devient une larve microscopique. Cette larve doit alors s’ancrer quelque part afin de former une coquille. Dans le bassin d’Arcachon, les ostréiculteurs utilisent les tuiles recouvertes d’un mélange de chaux et de sable. Six mois après la fixation des larves, celles-ci se sont transformées en « naissain ».
Les ostréiculteurs les détachent des tuiles et les déposent dans des poches grillagées (voir photo du début) afin de les protéger des prédateurs. Ces poches sont déposées dans les bassins à huîtres, toujours délimités par des piquets en bois.
Ces piquets en bois donnent une allure particulière au bassin d’Arcachon avec leurs reflets dans l’eau soit droits, soit ondulés selon si l’eau est agitée ou non.
L’ostréiculteur doit alors régulièrement retourner ces poches afin que la coquille se développe de manière harmonieuse.
Au bout de 3 ans, après un petit passage dans une eau claire pour libérer le sable et les algues, les huîtres sont prêtes à être consommées.
Vous trouverez beaucoup d’information sur l’ostréiculture sur le site du bassin d’Arcachon ICI et sur un document crée par une école primaire ICI.
Voilà donc un produit très naturel et qui demande beaucoup de soin.