Attention, ce billet peut contenir des éléments qui pourraient choquer certains esprits sensibles.
Vous souvenez vous de ce que vous avez cuisiné le dimanche 7 Novembre 2004 ?
Pour ma part, je ne suis pas prête d’oublier ce qui restera ma plus grande expérience culinaire ainsi que ma plus grande incursion dans la culture britannique : le dimanche 7 Novembre 2004, j’ai fait un « Christmas pudding » que nous mangerons le jour de Noël.
Lorsque le thème du Christmas pudding arrive dans une conversation en France, j’entends souvent des exclamations du type « Quoi, vous allez manger un dessert que tu as fait il y a 2 mois, et il n’est pas conservé au congélateur, ni au réfrigérateur ?
Oui, oui et je vous assure, c’est très bon. C’est un peu comme les britanniques qui demandent au Français : « c’est vrai que vous mangez des cuisses de grenouilles en France ? » Oui, oui et c’est très bon.
Le Christmas pudding a besoin d’une période de maturation, un peu comme certains de nos fromages.
Toute l’histoire a commencé en Juillet dernier.
Il faisait extrêmement beau et chaud. Les enfants et moi étions dans le Kent chez mes beaux-parents. Pendant que les enfants jouaient dans le jardin, j’ai beaucoup discuté avec ma belle mère Anne. Elle m’a confiée, que, cette année, pour la première fois en plus de 40 ans, elle ne ferait pas le Christmas pudding elle même mais qu’elle allait l’acheter.
Je ne fut pas très longue à lui dire que j’avais toujours rêvé de le faire et que, si elle était d’accord, je me ferai une joie de la faire pour toute la famille.
Elle m’a alors confié son plat qui lui sert depuis des années à la cuisson du Christmas pudding (on l’appelle pudding basin en anglais) ainsi que sa recette et quelques conseils précieux.
J’étais plutôt excitée à l’idée de faire ce dessert mythique.
J’aurais pu le faire dès le mois de Septembre puisqu’il se conserve pendant plusieurs mois. Anne le fait en général fin octobre ou début Novembre, j’ai donc suivi son exemple (40 ans d’expérience !). Pour la petite histoire, il y a une date limite pour la fabrication des Christmas pudding. Il s’agit du dimanche avant le premier dimanche de l’Avent. C’était donc dimanche dernier. Si vous avez dépassé cette date, vous pouvez encore le faire mais sans trop tarder. Vous pouvez aussi faire des pudding individuels qui ont besoin de moins de temps de maturation.
Le pudding en lui même est très facile à faire, c’est plutôt la cuisson qui n’est pas toujours compatible avec la vie moderne.
J’ai utilisé, tout comme Anne, la recette de Delia Smith.
Je ne vais pas mettre la recette sur ce blog, mais uniquement la description des étapes de sa préparation. En revanche, si vous souhaitez de l’aide par rapport à la recette en anglais, n’hésitez pas à me contacter directement par mail, je me ferai un plaisir de vous aider, ce sera mon cadeau de Noël.
Rectificatif : recette ajoutée en français à la fin du billet en novembre 2005.
Première étape : le mélange des ingrédients
A faire la veille du jour où vous allez faire cuire le pudding.
Le Christmas pudding est un mélange de plusieurs fruits secs (beaucoup), d’une pomme coupée en petits morceaux, de zestes d’agrumes, de chapelure faite à partir de pain de mie dont on a ôté la croûte, de graisse végétale (« vegetable suet »), d’épices, de farine, d’œufs, de bière et de cognac. Pour la bière, j’ai utilisé de la Guiness. Depuis les problèmes liés à la vache folle, les britanniques ont le choix entre la graisse de bœuf et la graisse végétale.
Cette étape prend 40 minutes, rangement de la cuisine compris.
Traditionnellement tous les membres de la famille doivent remuer ce mélange en faisant un vœu. Lorsque j’ai interrogé David, il ne se souvenait pas d’avoir fait cela, j’ai donc omis cette tradition.
Deuxième étape : repos !
Le mélange doit reposer dans son bol recouvert d’un torchon et cela durant 24 heures ou plus.
Troisième étape : habillage du Christmas pudding
Lorsque je parle d’habillage, je n’exagère pas et j’espère bien ne jamais avoir besoin de tous ces préparatifs pour moi-même avant de sortir !
Le pudding doit cuire dans un bol en verre ou en porcelaine (les plus jolis à mon goût sont les bols en porcelaine de la marque Mason Cash).
Certaines personnes continuent à le faire cuire comme au siècle dernier, en enfermant le pudding dans un torchon et en le plongeant dans de l’eau frémissante.
Après avoir déposé 2 ronds de papier sulfurisé sur le dessus du pudding pour protéger la pâte, le bol doit être recouvert de 2 feuilles de papier d’aluminium pliées d’une certaine manière.
Reste ensuite à mettre 2 élastiques autour pour bien serrer le papier puis à fabriquer une poignée à l’aide d’une ficelle qui sert à sortir facilement le bol du bain-marie.
J’étais un peu anxieuse car je n’avais jamais vu personne le faire. Mais, avec les conseils d’Anne plus tous les magazines britanniques "spécial Noël" de ma collection, j’ai réussi.
Quatrième étape : la cuisson
C’est avec cette étape que j’ai vraiment admiré les britanniques qui perpétuent les traditions en continuant à faire leur pudding eux même.
En effet, faire cuire un pudding au bain-marie pendant 8 heures avec une eau qui doit rester frémissante et qui doit toujours arriver à la moitié du récipient, ce sont réellement 8 heures d’attention .
Le bain marie doit se faire sur le feu et non pas au four, ce qui ne simplifie pas la tâche.
Dans la pratique, toutes les 30 minutes environ, il faut remettre de l’eau bouillante dans la marmite et ceci pendant 8 heures.
Etape à faire impérativement un dimanche et je remercie vivement ma bouilloire électrique et David qui m’a relayée lorsque je ne faisais pas mine de me lever prestement de mon canapé.
Pour vous donner un ordre d’idée, nous avons démarré la cuisson à 15h, pour la terminer à 23h.
Quatrième étape : repos complet jusqu’au 25 décembre
Imaginez qu’il va falloir attendre tout ce temps pour savoir si le Christmas pudding est réussi ou non et que toute ma belle famille, dont c’est le premier Noël en France, va le goûter. Pour couronner le tout, mes parents seront avec nous le 25 et ils n’ont jamais, oh grand jamais mangé de Christmas pudding de leur vie. Stressée moi ?
Ne le dites à personne, mais j’ai prévu deux solutions de secours : des mini-Christmas pudding très rapides à faire ainsi qu’une bûche aux marrons faite maison (billet à venir) pour ceux ou celles, britanniques ou non, qui préfèrent manger autre chose.
Dernière étape : le 25 décembre
Le Christmas Pudding, après avoir encore passé 3 heures au bain marie pour être réchauffé se déguste le plus souvent avec du « brandy butter » (sauce au beurre et au sucre, aromatisée au cognac, mon accompagnement préféré) ou – par quelques hérétiques, dont David - avec de la « custard », sorte de crème anglaise plus épaisse que celle servie en France et chaude.
Le Christmas pudding est décoré avec une petite branche de houx.
Personnellement, j’adore ce dessert. Il est riche et parfumé et j’ai du mal à imaginer un Noël sans. Je ne parle même pas de David qui, même s’il a quitté son pays n’est pas prèt à abandonner certaines traditions.
J’ai tout simplement adoré le fabriquer et je compte bien le refaire l’année prochaine.
En Grande-Bretagne, comme en France avec les bûches de Noël, vous pouvez achetez votre Christmas pudding dans le commerce. Tous les ans, les magazines font un comparatif de tous les Christmas pudding du commerce. Je n’ose pas imaginer l’enjeu pour les fabricants.
Si vous souhaitez voir le produit fini, c'est ICI.
Si vous souhaitez plus d'informations sur le Christmas pudding, j'ai sélectionné pour vous 2 articles intéressants, ICI et LA.
Christmas pudding
D'après une recette de Delia Smith
Pour 10 personnes
100 g de “vegetable suet”
50 g de farine à levure incorporée
110 g de chapelure fraîche faite avec du pain de mie sans la croûte
1 cuil. à café rase d’un mélange 4 épices
1 pointe de couteau de cannelle
225 g de sucre roux
275 g de raisins secs
220 g de raisins blonds
25 g d’écorces d’oranges confites coupées en dés
25 g d’amandes entières concassées
1 pomme pelée et coupée en petits dés
Le zeste d’un demi citron
Le zeste d’un demi orange
2 cuil. à soupe de rhum
15 cl de Guinness
2 œufs
Un bol en verre type pyrex d’une contenance de 1,2 litres beurré
La veille
Dans un grand saladier, mélangez la « suet », la farine, la chapelure fraîche, les épices et le sucre. Ajoutez les raisins, les écorces d’orange, les amandes, les dés de pomme et les zestes et mélangez bien.
Dans un petit bol, mettez le rhum, la bière et les œufs et mélangez. Ajoutez ce mélange au mélange précédent et mélangez bien. La consistance doit être assez molle.
Couvrez le saladier avec un torchon et laissez reposer une nuit.
Le lendemain
Mettez le mélange dans votre bol en pyrex beurré.
Ajoutez deux couches de papier sulfurisé juste à la taille du moule (voir photo).
Couvrez avec deux feuilles de papier d’aluminium dans lesquelles vous avez fait un pli au milieu (voir photo).
Entourez d’un ou deux élastiques.
Fabriquez éventuellement une poignée avec de la ficelle de cuisine (voir photo).
Placez le bol dans une casserole remplie d’eau bouillante à mi-hauteur du bol et laissez cuire pendant 8 heures.
Pendant toute la cuisson, il faut que l’eau arrive à mi-hauteur du bol, ce qui revient à rajouter de l’eau environ toutes les demi- heures.
Lorsque c’est cuit, retirez le papier d’aluminium et remplacez-le par du papier d’aluminium propre.
Conservez ce pudding jusqu’à Noël dans un endroit sec et frais.
Le jour de Noël, vous devez le cuire encore pendant 2 heures et demi en mettant de l’eau à mi-hauteur.