Il y a des jours dans la cuisine, et dans la vie en général, où les choses ne se déroulent pas exactement comme on l’avait prévu.
Samedi 4 décembre, nous étions invités chez Christophe et Suzanne que nous avons rencontrés grâce à Clotilde.
Environ une fois par mois, notre « potluck group » organise un dîner, chez les uns ou chez les autres. Cette fois là, le thème était « Gemütlichkeit » car Christophe et Suzanne sont allemands.
Le mot Gemütlichkeit est intraduisible en français. J’ai demandé à mon amie Ingrid, dont la maman est allemande de me dire ce qu’évoque pour elle ce mot et voici ce qu’elle m’a répondu :
« Ce mot, si l’on pouvait le traduire serait un "bien être" allemand pendant Noël. Cela m'évoque un tas de choses. Noël commence dès le 1er décembre avec le calendrier de l'Avent fait main par maman lorsqu'elle était plus jeune et que l'on sort chaque année (des boîtes d'allumettes décorées avec de la feutrine toutes minutieusement décorées, très belles). Je ne te parlerai que de mon enfance avec une maman allemande qui a tout fait pour que cette Gemütlichkeit irradie pendant toute la période de l'Avent. Alors, ça m'évoque la couronne de l'Avent, ces quatre bougies que l'on allume l'une après l'autre jusqu'au dernier dimanche avant Noël, la Saint Nicolas, le 6 décembre, où l'on sort ses chaussures et où l'on attend que Saint Nicolas passe et les remplisse de chocolats, une cuisine qui sent bon les petits sablés de Noël, une maman qui te laisse salir la table de la cuisine pour faire ces petits sablés, les trois sœurs les mains dans la farine, puis la dégustation et, quand il n'y en a plus on réorganise un après-midi cuisine, des chants de Noël en musique de fond, des bougies allumées et les décorations de Noël, le sapin que l’on découvrait le 24 au soir, les parents affairés tout le 24 à le décorer, le salon interdit aux trois filles jusqu'au soir en attendant que la clochette sonne et que la porte s'ouvre, "Frohe Weihnachten" (joyeux Noël), un sapin illuminé avec de vraies bougies. »
Merci Ingrid !
J’avais promis à Christophe et à Suzanne de faire un Stollen qui est un gâteau traditionnel allemand servi à Noël.
Quelques jours avant, en lisant attentivement une recette de Stollen trouvée dans un magazine, je me suis fait la réflexion que je devais absolument penser à modifier une étape dans la recette car j’avais un doute sur leur manière de procéder.
Le jour J, dès 9h du matin (la pâte du Stollen a besoin de reposer), je me suis attelée à la tache.
Malheureusement, dans le feu de l’action, j’ai oublié de modifier la recette comme je m’étais promis de le faire et, le Stollen n’étais pas vraiment à la hauteur de ce gâteau que j’adore.
Pas question de l’apporter dans cet état chez Christophe et Suzanne, ni d’en apporter un que je n’avais pas fait moi-même.
Il était 16h, nous devions partir dans 3 heures et je n’avais aucune solution de secours.
J’ai commencé par paniquer. David dans ce genre de situation, même s’il n’a pas de solution est toujours très compréhensif … Heureusement, j’ai trouvé dans un de mes cahiers une recette de petits gâteaux que l’on sert en Alsace au moment de Noël : les bredalas. Ces gâteaux s’inscrivent parfaitement dans la tradition allemande de servir des petits gâteaux durant la période de l’Avent.
J’avais vu cette recette il y a un an sur Gourmet TV. Si vous souhaitez la recette originale, cliquez ici.
Ma version est un peu différente, car pour la première fois de ma vie, je n’avais plus un gramme de sucre blanc en poudre dans la maison (mauvaise journée ?). J’ai donc utilisé du sucre de canne A la place du beurre doux, j’ai utilisé du beurre demi sel, et rajouté 25g de beurre car ma pâte était trop sableuse pour former une boule. Il se trouve que c'est parce que j'avais mis plus de sucre par rapport à la recette orginale.
Malgré toutes ces péripéties, Gabrielle, mon cobaye préféré a testé et approuvé les bredalas. Nous avons pu partir l’esprit tranquille chez Christophe et Suzanne et passer une excellente soirée.
Chose étonnante : lorsque j’ai pris la photo le lendemain avec quelques bredalas mis de coté pour la bonne cause, j’ai posé dans l’assiette des noix et des petites figues sauvages sèches que je venais d’acheter sur le marché car je trouvais l’ensemble joli.
Quelques jours après, j’ai découvert avec amusement sur le blog de Jean-Paul, que les noix et ce type de figues représentent un des accords parfaits en terme de saveur.
Il y aurait-il un lien inconscient entre esthétisme et accord culinaire ?
Si vous trouvez ces figues sauvages, je vous les conseille. Jean-Paul dans un mail m’a suggéré de les manger farcies avec du beurre, à essayer !
Bredalas à la cannelle
375 g de farine
170 g de beurre mou
175 g de sucre de canne
1 œuf
1 sachet de sucre vanillé
Pour la garniture :
20 g de beurre
30 g de sucre
1 cuil. à café de cannelle
Mélangez tous les ingrédients, tout d’abords avec une cuillère en bois puis à la main jusqu’à ce que la pâte forme une boule.
Laissez reposer une heure.
Préchauffez votre four sur 160°C (th 5).
Sur une surface farinée ou sur une feuille en silicone, étalez la pâte sur une épaisseur d’1/2 cm en essayant d’obtenir un rectangle (pour cela, tassez bien la pâte sur les cotés au fur et à mesure que vous l’étalez).
Etalez 20g de beurre fondu avec un pinceau sur toute la surface de la pâte.
Mélangez dans une passoire le sucre et la cannelle et saupoudrez la pâte en vous servant de cette passoire.
Déposez la pâte sur une plaque antiadhésive et laissez cuire 25 minutes.
A la sortie du four, découpez des carrés que vous déposerez sur une grille pour les faire refroidir.
Faites goûter les chutes de pâte à votre cobaye préféré.
A déguster avec un vin chaud.
Si vous vous intéressez aux traditions de Noël en Allemagne, je vous conseille le dossier spécial sur Arts-Culinaires.com.