Que se cache t-il derrière le melon ? Épisode 1 : tout commence par la graine
Episode deux sur ce lien.
En sortant du train à Poitiers, de très bonne heure, un beau matin de juillet, j’étais bien loin de m’imaginer tout ce que se cache derrière le melon, cette boule verte à la chair oranger, si familière sur nos tables d’été.
Depuis plus de 2 ans, j’accommode le melon dans des recettes pour le site du melon Rouge Gorge mais j’avoue que je ne savais pas grand chose sur sa culture et les énormes moyens mis en place par la marque afin d’assurer sa qualité, pour nous les consommateurs.
Avec Anne, nous avons sauté sur l’occasion, lorsque Christophe Couteleau nous a proposé de découvrir tous les secrets de la culture des melons, aux alentours de Poitiers, dans le département de la Vienne, plus gros département producteur de melon en France.
Nous avons appris en une journée un nombre incalculable de choses et depuis, je ne regarde plus du tout les melons de la même manière. Je me propose, au fil de deux épisodes de vous faire découvrir ce que se cache derrière notre melon national. Ce sera mon mini feuilleton de l’été.
Tout commence par une graine, mais déjà à ce niveau là, rien n’est simple.
Le melon est une culture annuelle mais n’allez pas imaginer que les producteurs de melon récupèrent les graines d’un melon pour les replanter l’année suivante, comme le faisant nos grand mères avec les laitues, ce serait bien trop simple.
Les graines sont achetées à des semenciers (il en existe environ 5 gros en France). Si le melon cultivé en France est de type charentais jaune (regardez bien les étiquettes sur les cageots, la mention est obligatoire, du moins pour le moment), il existe pour ce type de melon plusieurs variétés, dépendantes du type de graines produites par les semenciers. Chaque variété doit s’adapter au terroir, au climat et aux 3 types de cultures utilisées pour le melon (plein champ, tunnel ou 800 trous, voir plus loin pour les détails). C’est assez complexe et nous, consommateurs ne savons pas toujours quelle variété nous sommes en train de manger (à ne pas confondre avec le type : « charentais jaune » qui lui, est connu).
La marque Rouge Gorge achète donc plusieurs types de graines à plusieurs semenciers qu’elle teste sur 3 ans, sur des parcelles de plus en plus grandes, en éliminant au fur et à mesure les variétés qui ne donnent pas de bons résultats en terme de taux de sucre, arôme, aspect du melon, calibre, etc. Le tout est orchestré par des chefs de culture. Ces tests sont faits en continu, en marge de la production annuelle. Une fois en production réelle, chaque année, des variétés sont arrêtées, en fonction à la fois de leurs atouts, de leurs contraintes, de leur arôme et de leur rendement, pour les 3 types de culture (voir plus bas). Ceci est possible grâce à des milliers de lignes de saisies suite aux observations des chefs de culture et des chefs d’équipe sur le terrain.
Les trois types de culture du melon, selon la période
Après ce choix de variété, les graines sont plantées pour donner 3 semaines plus tard des plans. Ces plans sont ensuite replantés, pendant 3 mois, entre mars et juin, soit dans des tunnels en début de saison (mars) qui sont constitués de paillages en plastique sur le sol, surmontés d’un arceau recouvert de plastique, afin d’éviter les gelées tardives, soit dans ce que l’on appelle des « 800 trous » en avril et mai (paillage plastique sur le sol, arceau et plastique percé de 800 trous au mètre carré), soit en plein champ, en juin.
Le système d’irrigation est prévu dès le départ, grâce à des tuyaux qui arrosent les plans en goutte à goutte afin d’éviter les arrosages intempestifs. Ce système d’arrosage est un des critères pour pouvoir entrer dans le cadre de ce que l’on appelle l’agriculture raisonnée, régie par GlobalGap et il permet d’économiser 50% d’eau.
Alors que nous découvrions les champs de melon sous un soleil radieux, Christophe nous a raconté plein d’anecdotes sur son grand père qui a créé Rouge Gorge et notamment sa grande créativité quand aux outils mis au point ou détournés pour se simplifier la vie. Je me souviens en particulier de la planteuse à betterave utilisée à l’origine pour planter les plants de melon.
La récolte des melons
Il faut environ 90 jours entre la graine plantée et la récolte des melons, sachant que le temps est encore une des seules choses que l’on ne peut pas organiser, ce qui fait que le commerce des melons est une activité économique pleine de risques tellement elle est dépendante du climat, du marché et des consommateurs qui vont par exemple diminuer leur consommation de melon si l’été est pourri.
Il n’y a qu’une seule récolte par parcelle, mais celle-ci s'étale sur 20 jours, et les parcelles doivent être ensuite mises au repos pendant 7 ans, afin que le champignon fusarium, naturellement présent dans la terre n’attaquent pas les melons la seconde année (il se tient tranquille la première année). Ces parcelles peuvent en revanche être utilisées pour d’autres récoltes qui ne sont pas sensibles à ce champignon. Certains producteurs font une seconde récolte sur leurs parcelles grâce aux fleurs qui cohabitent avec les melons sur le même pied mais ces melons, que l’on appelle « melons de recoupe » ne sont pas aussi bons et sont beaucoup plus petits que les melons habituels.
Quand je vous disais que cultiver le melon n’est pas simple et demande une très grande rigueur dans l’organisation.
Nous avons pu assister à une partie de la récolte de melon qui commence très tôt le matin, en période de grosses chaleurs.
La récolte s’étale sur 20 jours par parcelle car les melons sont cueillis à maturité, chaque jour, critère primordial pour assurer la qualité du melon que nous retrouvons dans nos assiettes. Ce critère demande néanmoins beaucoup de surveillance et de savoir faire, de la part des cueilleurs et des chefs d’équipe.
Pour savoir si un melon est à maturité, il suffit d’ouvrir ses yeux, tout en se penchant car les melons, comme toutes les courges poussent à même le sol. Il est à maturité, lorsque la première feuille après le pédoncule du melon commence à se faner, que le pédoncule commence à se décoller et que, dans certains cas, une goutte de sucre commence à perler au niveau du pédoncule.
Imaginez un peu le boulot que cela demande !
Les cueilleurs, équipés d’un sécateur et le plus souvent de gant, déposent les melons dans des seaux, récupérés au fur et à mesure par un porteur qui les dépose dans des grandes caisses vertes posées sur un tracteur. Ces caisses vertes seront acheminées le jour même à la station Rouge Gorge. Saviez vous que ces grandes caisses vertes portent même un nom ?
Ce sont des Palox.
Nous en verrons un nombre incalculable dans la journée, alors que ce n’est pas encore la pleine saison du melon.
En début d’après midi, nous arrivons à la station Rouge Gorge et là encore, j’ai été très surprise par la rigueur demandée pour être quasi certain que le melon que nous découpons dans notre cuisine, soit suffisamment sucré et goûteux.
En attendant, goûter un melon directement dans le champ, il n’y a rien de mieux …
Episode deux sur ce lien.