M like Money ?
Gagner de l’argent avec son blog de cuisine : est-ce possible et quels sont les moyens existants ?
Tout d’abords, un grand mea culpa à mes lecteurs non blogueurs pour ce billet complètement hors sujet.
Il se trouve que c’est une question que l’on me pose très souvent et qui soulève régulièrement des débats sur les réseaux sociaux. C’est en lisant un article du blog Presse Citron qu’Anne a partagé sur sa page Facebook que j’ai eu envie de prendre ma plume, histoire de mettre les choses à plat.
J’espère que ce billet aidera les personnes qui ont un blog culinaire et qui se posent des questions sur le sujet.
Je tiens à préciser également qu’il s’agit très humblement de mon avis sur la question, par rapport à mon expérience et à ce que je vois autour de moi. C’est un sujet qui n’est pas évident à traiter car en France, nous parlons très peu de ce que nous gagnons.
Gagner de l’argent avec son blog de cuisine, quels sont les moyens existants ?
La publicité sur le blog
C’est un sujet parfois épineux car il s’agit de monétiser son blog, sans perdre son âme et surtout en gardant le plaisir de l’animer. C’est aussi le seul moyen de « gagner de l’argent avec son blog », tout le reste étant un travail et j’en parlerai plus tard.
Ne rêvez pas, il faut avoir un nombre de visites journaliers qui se chiffre en milliers pour que ça devienne vraiment intéressant. Et même à ce niveau de visite, il n’est pas facile de gagner un salaire correct et surtout régulier juste avec de la publicité sur un blog.
Je parle ici uniquement des blogs de cuisine, le marché publicitaire des blogs de mode et/ou beauté est très différent et beaucoup plus lucratif.
Comment faire ?
Installer des Google Ads avec Google AdSence
C’est très simple à mettre en place, il suffit d’insérer dans votre colonne et/ou dans vos billets un code HTML. Des campagnes, liées au contenu de vos pages vont s’afficher et vous serez payés à la fin de chaque mois, par chèque ou par virement, selon le nombre de clics (ce que l'on appelle le CPC, soit coût par clic). Vous pouvez ne pas accepter certaines campagnes, si vous jugez qu’elles ne correspondent pas à votre éthique.
Avoir une régie publicitaire
C’est mon cas depuis plusieurs années. Vous signez un contrat avec une régie publicitaire et c’est elle qui négocie les campagnes publicitaires qui vont ensuite s’afficher sur votre blog sous forme de bannières, de carrés, etc. A la fin de chaque mois, vous êtes payés selon le nombre de pages vues et selon ce que la régie a négocié avec les marques pour le CPM. Le CPM étant le Coût Par Mille pages vues. Ce CPM étant variable selon les marques et les régies.
La régie prend 50% des bénéfices. L’avantage est que vous n’avez absolument rien à faire. Il est important d’avoir confiance en sa régie et de pouvoir discuter avec elle sur le type de marques qui vont s’afficher sur votre blog. N’hésitez pas non plus à « blacklister » certaines marques, lorsque vous signez le contrat.
Je suis très satisfaite de la mienne et je la considère comme un partenaire en qui j’ai confiance. Je sais que les campagnes ne vont pas aller à l’encontre des valeurs auxquelles je crois et que le CPM (Coût par Mille pages vues) n’est pas négocié à la baisse. Par ailleurs, la publicité n’est pas intrusive, sachant qu’elle n’arrive jamais sur la colonne centrale.
En revanche, il faut savoir que les budgets dans le domaine alimentaire ne sont pas aussi importants que dans le domaine de la mode et de la beauté (mais pourquoi est-ce que je suis nulle en maquillageJ.
Afficher des campagnes sans signer de contrat avec une régie
Il est possible d’afficher certaines campagnes sans signer de contrat. Je sais que certains blogueurs ont fait cela à une époque mais il semble que ce soit très peu rémunérateur.
Avoir une plateforme de blog qui rémunère les blogueurs
Vous n’avez rien à faire, c’est la plateforme qui va afficher des campagnes de publicité et vous êtes payés à la fin de chaque mois, selon le nombre de pages vues et le CPM négocié (Coût par Mille pages vues).
A ma connaissance, Overblog est aujourd’hui la seule plateforme à proposer ce service. Les revenus mensuels restent dans l’ordre des centaines pour un nombre de visites journalier qui se chiffre à plusieurs milliers de personnes.
Sinon, certaines plateforme de blogs affichent de la publicité mais les bloggeurs ne sont pas rémunérés (i.e. : Canalblog)
Mon avis
La publicité sur le blog, c’est une sorte de truc parfait puisque vous gagnez de l’argent juste en animant votre blog. Elle permet de rester complètement indépendant puisqu’elle ne touche pas votre contenu. En revanche, il vaut mieux prévoir une autre source de revenu, ceux de la publicité étant très irréguliers.
Les billets sponsorisés
Ils sont apparus sur les blogs culinaires il y a quelques années. Nous sommes nombreux à les référencer comme tel au début, dans le titre ou à la fin du billet par la mention « Billet sponsorisé ». Je trouve que c’est le minimum à faire pour ses lecteurs.
En général, il s’agit de créer une recette pour une marque, de prendre une photo et d’en parler sur son blog. Le ton doit être totalement libre (sinon, ça s’appelle du publi-reportage que l’on trouve plutôt dans la presse).
Ces billets sont rémunérés et les prix sont très variables (de 100 euros à plus de 500 euros à ma connaissance). Ils sont parfois indexés sur le nombre de visites du blog mais pas toujours.
Un billet sponsorisé demande du travail. De mon côté, j’ai eu du mal à m’y mettre. Aujourd’hui, cela ne me pose pas de problème de faire découvrir des produits ou des services à mes lecteurs, à condition que je les aime.
Il ne faut pas rêver, le marché n’est pas gigantesque et les demandes ne sont pas si nombreuses (j’en ai fait deux depuis le début de l’année).
Mon avis
Une blogueuse qui se respecte n’accepte de billets sponsorisés que sur des produits qu’elle aime. Personnellement, c’est ma ligne de conduite. Il m’arrive de refuser d’en faire sur des produits qui ne correspondant pas à ma manière de consomme car je préfère gagner moins mais me coucher sereine. Ce qui me rend heureuse, c’est la fidélité de mes lectrices et je ne voudrais pas gâcher cela pour quelques centaines d’euros en plus.
Il est important également de ne pas accepter de faire passer des messages mais bien de donner son avis personnel (toujours pour ne pas vendre son âme au diable). Evitez donc de faire un copier-coller des dossiers de presse mais adoptez plutôt un ton complètement libre et surtout personnel, afin d’apporter une valeur ajoutée à vos lecteurs, en donnant votre avis.
C’est assez intéressant à faire quand on aime le produit, que c’est un nouveau produit ou un nouveau service qui apporte quelque chose. Il m’arrive très souvent d’adopter ensuite le produit en question dans ma vie quotidienne et d'en parler à mes amies.
L’édition culinaire
De plus en plus de blogueuses écrivent des livres de cuisine et de mon côté, j’en ai écrit 6, depuis 2006.
Comment ça marche ?
A la signature du contrat, vous recevez une avance qui se situe entre 1 000 à 2 000 euros.
Puis, quand le livre est commercialisé, vous touchez un pourcentage sur les ventes (en général 6% quand vous écrivez les recettes et un peu plus quand vous faites également les photos).
Concrètement : à chaque fois que vous achetez mon dernier livre « Cookies, Muffins & Co », je gagne 41 centimes d’euros. Je ne touche rien sur les premières ventes puisque j’ai touché une avance.
Une fois l’avance remboursée, le montant sur les ventes est reversé à l’auteur environ 1 an après la sortie.
Pour pouvoir gagner sa vie avec les livres, il faut en vendre beaucoup (je vous laisse faire le calcul).
Il faut aussi qu’il soit bien distribué car qui dit livre introuvable, dit zéro vente et donc pas de rémunération.
Certains éditeurs paient un forfait et l’auteur gagne donc la même chose quel que soit le nombre de ventes. Je ne suis pas pour ce système, sauf si le forfait est très important bien entendu.
Mon avis
C’est une énorme joie de voir ses livres publiés. En revanche, cela me fend le cœur quand je ne le voie pas dans les librairies car un livre représente beaucoup de travail. Il m’arrive de ne pas aller dans le rayon des livres de cuisine pendant des semaines quand je ne veux pas ressortir de mauvaise humeur. Le marché des livres culinaires me semble être parfois un peu saturé.
Déborah, propriétaire de la Libraire Gourmande a écrit un billet sur le sujet, je vous le conseille.
La presse culinaire ou les rubriques cuisine des magazines féminins
Etre blogueuse ne veut pas dire être journaliste, ni pigiste. C’est ce que je m’acharne toujours à leur dire quand elles se sentent menacées par les blogs culinaires.
Personnellement, il m’est arrivé décrire des articles pour la presse mais c’était toujours à la demande d’un ou d’une rédactrice en chef qui voulait travailler avec moi sur un sujet précis. Les rémunérations m’ont toujours semblées plus faibles que d’autres choses que j’ai pu faire mais mon expérience n’est pas assez importante pour en parler.
A ce jour, je ne connais que 3 blogueuses qui ont bien réussi dans la presse : Clotilde Dussolier, Caroline Mignot et Estérelle Payany. Si j’ai oublié quelqu’un et à mon avis, c’est le cas, faites-moi signe.
L’écriture de recettes et/ou photo pour des sites de cuisine
C’est dans ce domaine que j’ai démarré il y a quelques années avec les sites Goosto et Notre famille. Je ne compte plus les recettes que j’ai écrites et testées dans ma cuisine. J’ai beaucoup appris et c’est grâce à eux que j’ai pu me lancer dans ce domaine.
Aujourd’hui, je pense que c’est beaucoup plus difficile. Cela prend du temps si on le fait bien, c'est-à-dire si l’on prépare vraiment les recettes dans sa cuisine. Les achats d’ingrédients ne sont souvent pas remboursés et les prix payés pour chaque recette avec photo ont nettement diminué au fil des années.
L’idéal est de cuisiner vos recettes pour 4 et de les consommer en famille, cela permet de rentabiliser ce travail.
Certains sites sont prêts également à racheter les recettes de votre blog mais les tarifs sont souvent très bas. Il faut aussi faire attention à la duplication de contenu, Google n’est pas fan de cela.
Il y a aussi la possibilité d’écrire des dossiers thématiques pour ces mêmes sites comme le font certaines blogueuses et c’est un peu plus rémunérateur.
Travailler pour des marques dans le domaine alimentaire
Sur un blog dédié à la marque
Certaines marques ont un blog et ce sont en général des blogueuses qui écrivent des billets en leur nom.
C’est souvent très intéressant et mieux payé que la simple écriture de recettes, sachant que vous apportez une valeur ajoutée en partageant votre savoir-faire. En général, les blogueuses sont choisies pour une compétence particulière et pour un ton personnel.
Opérations de promotion d’une marque
Il est rare que vous puissiez travailler directement avec une marque. C’est en général avec l’agence de communication en charge de cette marque que vous allez travailler. Parfois, cela se fait aussi par l’intermédiaire d’une régie publicitaire.
Il peut s’agir de créer des recettes et/ou photos pour un dossier de presse par exemple, d’animer des ateliers pour la promotion d’un produit, de participer à des opérations ponctuelles, etc.
Le hasard des rencontres fait que c’est aujourd’hui une grande partie de mon travail. J’aime cela car c’est très varié, cela permet de rencontrer du monde et de découvrir de nouveaux produits. Grâce à cela, j’ai l’impression d’apprendre tous les jours.
J’entends parfois parler de légitimité des blogueuses pour faire ce type de travail. Il se trouve que les marques veulent avoir un ton proche des consommateurs. Quand c’est l’objectif, nous sommes bien placées, sachant que nous sommes le plus souvent autodidactes et que nous sommes aussi des consommateurs, avant d’être des blogueurses.
Mon avis
Ce type de travail devient, au fil des années, de plus en plus intéressant car le plus souvent, il s’agit d’opérations personnalisées. Les agences de communication sont nombreuses à avoir l’habitude de travailler avec les blogs culinaires, ce qui n’était pas le cas il y a 6 ans.
Organiser des ateliers culinaires à la maison
Mercotte l’a fait à une époque avec ses week-ends gourmands, Lorette s’est lancé dans l’aventure il y a quelques années, Silvia en donne également régulièrement, Dorian aussi et je sais que Sandrine va également donner des ateliers culinaires dans un espace professionnel. En revanche, je ne sais pas s’il est possible de gagner sa vie avec car il s’agit d’une activité qui prend beaucoup de temps et qui demande pas mal de frais, en raison des ingrédients et des ustensiles à acheter. Pour que ce soit rentable, il faut à mon sens impérativement le faire à la maison et du coup, avoir un espace suffisant mais ce qui peut poser un problème pour séparer vie professionnelle et vie privée.
Mon avis : si vous êtes passionnés, que vous avez de l’espace, du temps et que vous aimez transmettre, c’est une activité particulièrement enrichissante sur le plan personnel.
Le monde de la restauration
Ces derniers temps, beaucoup de blogueuses ont passé un CAP de cuisine ou de pâtisserie mais je ne connais pas leurs projets futurs. A ma connaissance, deux blogueuses ont ouvert leur propre restaurant : Lilizen à Bordeaux en octobre 2006 mais fermé à ce jour et Monique à Toulouse en juin 2010.
Elles le font depuis plusieurs années, avec passion mais je ne connais pas les détails financiers.
Gagner de l’argent en étant blogueuse, ce que cela implique ?
Un statut
Si vous écrivez des livres de cuisine ou si vous êtes pigiste, vous être payés en droits d’auteur et l’on vous prélève à la source des frais pour l’Agessa. Les montants touchés sont ensuite inscrits sur votre feuille d’impôt, un peu comme si vous étiez salariés.
Le reste des activités (à part la restauration) se facturent.
Pour émettre une facture, vous devez avoir un numéro de Siret et donc avoir un statut (travailleur indépendant, auto entrepreneur, etc.).
N’écoutez pas ceux qui vous disent qu’il y a un montant que vous pouvez facturer sans N° de Siret. A ma connaissance, ce n’est pas légal.
Un métier ?
Quand vous commencez à gagner de l’argent avec votre blog, vous travaillez à votre compte et c’est un métier.
Métier dans lequel vous allez devoir être connu et/ou reconnu pour une compétence particulière afin que l’on vous propose des missions qui se matérialisent par des contrats (oui oui, une blogueuse signe des contrats).
Il y a un côté relationnel assez fort et si vous avez une bonne réputation et que vous vous entendez bien avec les personnes avec qui vous travaillez, d’autres opportunités vont arriver.
Il est important de connaitre sa valeur et ses compétences et surtout de savoir se vendre car vous êtes seul ou seule avec votre blog. Il faut savoir aussi aller de l’avant en prenant des risques calculés. C’est finalement assez proche du monde de l’entreprise, sauf qu’il est plus difficile de se faire connaitre, sachant que par définition, une blogueuse est derrière son écran et complètement anonyme. Je me rends compte au fil des années que mes 16 ans d’expérience chez IBM se servent.
J’entends parfois que seuls les vieilles blogueuses s’en sortent. Il est vrai que c’était plus facile de se faire remarquer il y a 6 ans mais des blogueuses qui ont démarré il y a peu de temps ont réussi à se faire connaitre.
Il faut être professionnel, c'est-à-dire respecter les délais à la lettre et faire un travail de qualité. C’est un point fondamental quand on est travailleur indépendant. Sauf en cas d’extrême urgence, votre client ne doit pas subir vos contraintes personnelles. Ici, pas de jour enfant malade et pas d’arrêt maladie. Idem pour les vacances.
J’ai quelques contrats sur le long terme avec des échéances hebdomadaires. Quand je pars en vacances, je fais les choses à l’avance. Début Mai, j’ai dû subir une petite opération. J’ai beaucoup bossé avant afin de me garder une semaine sans travailler car je voulais que cela soit complètement transparent pour les gens avec qui je travaille. En gros, quand vous travaillez à votre compte, personne ne va vous remplacer.
Qui dit travailler à son compte dit aussi suivi de son activité, de sa facturation, des règlements, des charges à payer, estimation du temps passé et des frais nécessaires à la réalisation du travail, afin de pouvoir faire des devis qui tiennent la route. Pas toujours facile, surtout quand on débute, sans compter le temps que cela prend.
Mon avis
C’est le prix à payer pour la liberté et le fait de faire quelque chose que l’on aime.
J’aurais du mal à revenir en arrière, même si j’ai 17 ans d’expérience en entreprise.
Même si je travaille beaucoup, que parfois je n’ai plus le temps d’aller au cinéma, de lire des romans, d’inviter plus souvent mes amis, je suis toujours contente de me lever le matin et je trouve que cela n’a pas de prix.